Vie sociale et alimentation saine + recette de jus de Noël

Chantale Roy, décembre 2017

Non seulement certains nouveaux adeptes d’alimentation saine ont peur de ne plus avoir de plaisir à manger, mais ils craignent aussi, à tort, de ne plus voir leurs amis…

Lorsqu’il est question de nourriture, certaines personnes en font une affaire personnelle et cela peut mener à une effusion de… mots, d’attaques, d’insultes, de froids, de « babounes » ou pire encore. Quand chacun commence à vouloir imposer ses convictions ou défendre ses positions, on est en voie inverse de l’harmonie. J’en sais quelque chose. Je n’ai pas toujours su comment exprimer mes choix sans que cela mène à un conflit; ça m’est arrivé avec des personnes proches : membres de la famille et des amis.

J’ai passé par plusieurs étapes : l’enthousiasme exubérant, la conviction infaillible que j’avais raison, l’attaque face aux moqueries, le plaidoyer face à l’incompréhension, les lamentations devant la ségrégation, le déni de mes propres choix et l’isolement. Oui, je me suis tantôt affirmée, maladroitement, retirée par impuissance, jusqu’à ce que je trouve une autre voie.

En effet, il n’y a pas que deux voies : attaquer ou se cacher. Il y a 180 degrés de nuances à adopter dans notre danse sociale au sein de cette société (moi et l’autre) qui mange et qui s’attache à ce qu’elle mange. On a tendance à faire tout un plat avec ce qu’on se met dans la bouche. Cela est tout à fait normal, parce qu’on tend à s’identifier à ce qu’on mange, consciemment ou pas. Notre alimentation représente bien souvent nos choix de vie, nos convictions, nos valeurs, nos moyens pour atteindre nos buts, nos conditions sociales, etc.

Quand je me présente avec mon jus vert, je dis à l’autre « voici qui je suis, en ce moment, devant toi ». L’autre me rencontre ainsi, il découvre une partie de moi, dans ce moment précis. Je peux en faire toute une histoire, il peut en faire toute une histoire. Je peux essayer de me justifier, avant même qu’il réagisse, s’il réagit. Je peux essayer de le convaincre, peu importe s’il me dit ce qu’il en pense. Je peux choisir de boire mon jus vert avant ou après ma rencontre avec lui. Je peux choisir de boire ce qu’il choisira de boire. Je peux aussi ne rien dire et boire mon jus vert, tout en continuant d’être avec lui. Tous ces scénarios sont possibles et j’ai le choix d’en écrire un autre.

Parfois, les choix de chacun vont du Snack-Bar chez Raymond, à La Panthère Verte, en passant par le Toqué!

Quelle est mon intention quand je « rencontre » l’autre? Chacun a ses objectifs, bien entendu. En tant que professeure de langue (ma double vie), mon but est d’établir une relation humaine saine, vraie et respectueuse entre deux interlocuteurs. Je veux connaître l’autre et je veux me présenter à lui. Quand j’invite quelqu’un à partager un repas, j’aime savoir ce qui lui ferait plaisir de manger et ce qu’il évite de manger, en toute honnêteté. En même temps, je fais la même chose pour moi : je m’en tiens à ce que j’aime manger et j’évite le reste, en toute honnêteté. Je crée de plus en plus cette culture autour de moi et je m’ajuste. Dans le respect de l’autre et de moi. Cette culture n’est certes pas en place partout encore. Il y a parfois un malaise. On n’ose pas se dire ainsi. Les malentendus et les non-dits créent des malaises. Vaut peut-être mieux essayer de crever l’abcès au lieu de causer la gangrène dans la famille entière…

Je sais, ça ne marche pas toujours. Mais on essaie. Encore. Parce qu’on tient à cette relation humaine. Il est possible aussi de rencontrer l’autre sans que la politique, la religion ou la nourriture ne soient impliquées. On peut entrer en contact avec l’autre sur d’autres plans. En terrain neutre, là où on misera davantage sur la connaissance de chacun. Pour ma part, il est plus important maintenant pour moi de m’intéresser à l’autre, ce qui lui est propre, pas juste en quoi il me ressemble…

La période des fêtes est propice aux « rencontres »; celles qui comportent de la nourriture qui me ressemble ou pas! À nous de voir laquelle des nuances on adoptera dans cette danse sociale festive. Dans mon nouveau cours « Cuisine saine des fêtes », nous abordons justement des trucs pour rencontrer l’autre, dans nos choix alimentaires respectifs. Bienvenue à toutes les allégeances alimentaires!

Entretemps, voici une recette festive de jus pour rafraîchir nos intentions :

Recette :

Jus de Noël

  • chef Chantale Roy

2 tasses (300 g) de canneberges fraîches

3 oranges, pelées

3 pommes, en quartiers

1 petit citron, en quartiers

1 morceau de gingembre frais

Préparation :

Passer tous les ingrédients dans un extracteur à jus. Déposer un bâton de cannelle dans chaque verre. Joyeux jus de Noël!

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